Il a d’abord rappelé que la crise sanitaire a conduit l’Autorité à mobiliser pour la première fois certains de ses pouvoirs : celui concernant les ventes à découvert avec l’interdiction de constitution de nouvelles positions courtes nettes et celui concernant la suspension de fonds (suspension des souscriptions et rachats imposée à certains fonds H2O).
Il a aussi souligné la montée en puissance des actionnaires individuels en 2020 et un afflux de nouveaux investisseurs plus jeunes et plus actifs mais ce peut se traduire par des prises de risques excessives. Dans cette perspective il suggère de refuser les instruments à fort effet de levier et ne pas céder à la magie du zéro commission. Il faut également renforcer la qualité des conseils donnés aux clients.
La question de l’encadrement du libre jeu des offres et des demandes sur le marché financier est aussi devenue une question particulièrement sensible. Entre des offres amicales interdites pour des raisons de souveraineté, la tentation de rendre impossible les offres hostiles ou de limiter les capacités d’action des fonds dits activistes, et les restrictions apportées aux ventes à découvert et aux distributions de dividendes, certains se sont interrogés sur l’ampleur des limitations apportées au fonctionnement des marchés. Défendre l’intégrité du marché est au cœur des priorités de l’AMF. Cela se traduit en particulier par l’accent mis sur une exigence de transparence, qui permet de prévenir les abus de marché, et sur le développement du dialogue actionnarial. La crise a aussi rendu nécessaire d’améliorer les modalités de la participation à distance des actionnaires lors des assemblées générales.
Au cours de l’année 2020, l’AMF a posé les premiers éléments de doctrine en matière de commercialisation des produits de gestion collective intégrant des approches financières afin de couper court à la tendance au verdissement de façade des produits financiers et a contribué à la réflexion européenne, avec des propositions d’encadrement de la fourniture de notations et de données extra-financières.
L’année 2020 a également été une année très agitée pour la gestion d’actifs, et en particulier pour les fonds ouverts, avec la matérialisation des risques de liquidité et/ou de valorisation. L’AMF a procédé à la suspension de certains fonds d’épargne salariale et surtout à la suspension des fonds H2O qui a débouché pour la première fois sur une scission de fonds avec une partie ré-ouverte aux entrées-sorties et une partie cantonnant les actifs illiquides (side-pocket). Une réflexion est en cours, tant en Europe qu’au niveau international (FSB et IOSCO) sur l’adéquation des cadres réglementaires et la possible mobilisation d’outils macro-prudentiels.
Il a aussi rappelé que l’Union des marchés de capitaux est encore largement à l’état de projet avec une mosaïque d’approches nationales qui soit fragmentent la zone, soit établissent une compétition malsaine lorsqu’il y a complète liberté de prestation de services. Il reste encore beaucoup à faire pour faire émerger un marché financier européen efficace et des acteurs européens de dimension internationale dans le domaine financier.
Lire l’intégralité du discours sur RegMind.